Rarement on aura parlé de quelque chose d’aussi peu tangible avec tant de constance, d’insistance, sur le mode de l’obsession monomaniaque et du ressassement. Mes camarades de Corée du Nord, quand je leur raconte ce qu’il se passe en France rigolent et sont incrédules : « Non, qu’ils me disent… c’est pas possible ! » « Eh si les gars, c’est parfaitement possible, je vous jure que c’est exactement comme ça que ça se passe. » « Laisse tomber Oscar, tu nous racontes toujours des histoires à dormir debout que tu ramènes de tes voyages, si bien qu’on sait jamais la part de vérité et la part d’affabulation. »
Je leur ramène toujours il est vrai, un petit quelque chose de mes pérégrinations si bien que leur grenier s’est transformé, au fil des ans, à force d’accepter mes modestes cadeaux, en véritable petit cabinet des curiosités.
Mais pour vous aussi, chers compatriotes, j’en ai gardé une, de curiosité, et livresque celle-ci.
L’Antisémitisme, son histoire et ses causes, de Bernard Lazare, auteur juif. Il écrit ceci :
« Je n’approuve pas l’antisémitisme. C’est une conception médiocre, étroite et incomplète, mais j’ai tenté de l’expliquer. Il n’était pas né sans causes, j’ai cherché ces causes. Ai-je réussi à les déterminer ? C’est à ceux qui liront ces pages d’en décider. Il m’a semblé qu’une opinion aussi universelle que l’antisémitisme, ayant fleuri dans tous les lieux et dans tous les temps, avant l’ère chrétienne et après, à Alexandrie, à Rome et à Antioche, en Arabie et en Perse, dans l’Europe du Moyen-âge et dans l’Europe moderne, en un mot, dans toutes les parties du monde où il y a eu et où il y a des Juifs, il m’a semblé qu’une telle opinion ne pouvait être le résultat d’une fantaisie et d’un caprice perpétuel, et qu’il devait y avoir à son éclosion et à sa permanence des raisons profondes et sérieuses. »
Lecture d’actualité, vous ne trouvez pas ?