Il n’est pas exact de dire que le capitalisme a toujours été accompagné de la laideur, comme une maladie qui se signalerait par son symptôme. A ses commencements, ce fut même l’inverse : la richesse acquise et amassée était dépensée dans des œuvres d’embellissement public ou privé, ou de mécénat au service des arts. Que l’on songe à la magie architecturale de Venise ou des cités d’Italie du Nord qui furent les premiers centres du capitalisme, que l’on songe dans une moindre mesure à Amsterdam qui leur succéda historiquement.

Les choses se dégradèrent pourtant par la suite en matière esthétique. Londres n’était déjà plus à la hauteur de ses prédécesseurs, quant à New York, ce fut vraiment la plongée dans le grand n’importe quoi. Pardon !? C’est pas laid ? New York ? Parbleu que si c’est laid ! c’est infiniment laid ! J’en atteste, moi qui y ai vécu : c’est peut-être gigantesque et impressionnant pour le touriste qui lève le nez vers les gratte-ciels, c’est fascinant si vous voulez, mais une fois que vivant sur place et voyant ce spectacle tous les jours, la fascination initiale vous quitte, se révèle alors dans toute son étendue l’infinie misère d’une laideur implacable et omniprésente.

Le capitalisme a viré très laid. C’est un fait, un mouvement très observable d’enlaidissement progressif l’accompagne. Les voitures qui initialement avaient du caractère sont devenues aussi atones que la musique, que le cinéma, que l’art, que la nourriture, que tout ce que le capitalisme prend en charge et corrompt de ses vices, c’est-à-dire, la vie dans son ensemble.

Alors, tant qu’à faire, plutôt que de nous protéger de la laideur, et puisque c’est devenu impossible, allons à sa rencontre, là où elle sévit avec le plus d’impunité et d’arrogance. Un exemple entre mille : El Tunco, El Salvador. Ah la la ! qu’est-ce que c’est laid, El Tunco !

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