Penser ce qui nous arrive avec Vilém Flusser

Par Olivier Cheval, le 06/09/2021

Source : lundimatin#303

1.
Un passe sanitaire numérique est donc désormais demandé à l’entrée des bars et des restaurants, des cinémas et des théâtres, des musées et des salles de sport, des boîtes de nuit et des centres commerciaux, des TGV et des avions. Pour voyager, pour se divertir, pour se rencontrer, il faut pouvoir prouver son innocuité virale à l’aide d’un ensemble de carrés noirs et blancs lisible par une machine dotée d’un capteur photographique et d’une liaison internet, ensemble qui a été nommé Quick response code et que l’on surnomme, pour tendre à devenir aussi rapide que la machine, un QR code. Ce dispositif de tri et de contrôle vise officiellement à inciter le plus grand nombre à la vaccination : plutôt qu’une politique nationale de vaccination obligatoire, l’État a choisi le chantage par la menace faite à chaque individu d’une privation de son droit à la sociabilité et à la circulation dans l’espace public. L’aboutissement de cette politique de la menace sera le déremboursement des tests, sauf prescription médicale, au mois d’octobre, afin que seules les personnes vaccinées ou contaminées depuis moins de six mois soient en mesure d’accéder à ces lieux et services. Les personnes non-vaccinées devront payer le prix d’un test pour obtenir trois jours de sursis, faute de quoi, comme au temps des confinements, elles seront privées des lieux dits non-essentiels. Alors même que tous les autres pourront en jouir.

Le passe sanitaire n’est pas d’abord, contrairement à ce que son nom semble indiquer, un dispositif sanitaire : il prive les non-vaccinés d’accès à certains lieux parmi les plus spacieux et les plus ouverts, comme les terrasses et les musées, pour contraindre leurs moments de convivialité à l’étroitesse des espaces domestiques, alors qu’il a été depuis longtemps établi que le covid-19 était une maladie qui se contractait par concentration d’aérosols dans les intérieurs petits et clos. Le passe sanitaire est d’abord un dispositif sécuritaire, carcéral et stratégique : il est le nom de notre plus grande défaite politique de ce début de siècle. Sa mise en place intervient après l’instauration du bracelet électronique comme mesure judiciaire en 1997 et la délivrance de passeports biométriques depuis 2009. À la suite de ces deux objets nouveaux et pourtant désormais banalisés, au sens où personne dans le débat public ne propose plus leur abolition, il participe à identifier l’individu à un code numérique ; à lier sa liberté de mouvement à ce qui est inscrit sur ce code ; à délier cette contrainte d’une mesure judiciaire, pour que chacun soit traité comme un criminel ou un danger potentiel — une bombe bactériologique, désormais. La grande perversité néolibérale du passe sanitaire est qu’il incite chaque citoyen à réclamer son code, par un acte libre, une prise de rendez-vous sur internet le plus souvent, quand personne n’avait encore jamais réclamé la pose d’un bracelet à sa cheville. La grande violence autoritaire du passe, elle, est qu’il transforme un bon million d’individus, ouvreurs de cinéma, serveurs de restaurants, propriétaires de bars, surveillants de musée, caissiers de piscines, organisateurs de fêtes de village, en enregistreurs de codes-barres, en vérificateurs d’identité numérique — en un prodigieux contingent de police 2.0.

Il y a un an, au sortir du premier séquestre, la mise en place d’un tel dispositif de tri, de contrôle et de surveillance assisté numériquement était l’une des hypothèses de ce que la presse libérale appelait la théorie du complot du « Grand Reset », de la Grande Réinitialisation. Il y a six mois, le Président de la République et ses porte-voix assuraient la main sur le cœur que jamais ils n’auraient recours à un dispositif qui créerait deux catégories de citoyens — on ne scinde pas la République, disaient-ils. Le complot annoncé a eu lieu tandis que la promesse gouvernementale a été trahie. Devinez qui la presse libérale accuse d’un rapport altéré à la réalité. « Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux ».

2.

Cet été j’ai lu Post-Histoire de Vilém Flusser, sorti il y a deux ans dans l’indifférence. Personne n’avait jamais traduit ce petit livre publié en portugais en 1983, mais on a découvert récemment que Flusser en avait écrit lui-même une version française, alors une petite maison d’édition s’est chargée de la publier. Vilém Flusser est un penseur tchèque exilé au Brésil puis en France, il a écrit en portugais, en allemand, en anglais et en français. On dit de lui qu’il est un phénoménologue et un théoricien des médias, sans bien comprendre ce qui l’a mené d’un champ à l’autre. C’est qu’en fait il n’y a pas deux champs distincts — on pourrait dire que Flusser est le phénoménologue d’un monde où l’expérience s’est en grande partie réduite à être une lecture d’interfaces, ou bien, c’est la même chose, qu’il est le commentateur obstiné, le continuateur et le critique d’un texte majeur de Martin Heidegger : « La question de la technique ».

C’est dans cet essai que le philosophe allemand a proposé sa célèbre thèse de l’arraisonnement du monde par la technique moderne. Ce que postule Heidegger, c’est que de l’outil à la machine, de la technique artisanale à la technique motorisée, il y a une révolution ontologique : le champ dont prend soin un paysan qui l’entoure de haies n’est pas le même champ que la surface dont un exploitant agricole extraie les ressources naturelles ; le fleuve que traverse un pont n’est pas le même fleuve que le fleuve dont la centrale hydraulique tire de l’électricité. De l’un à l’autre, ce qui change, c’est que la technique moderne s’intéresse à la nature — air, eau, bois, terre, roche — en tant qu’elle est un stock d’énergie à extraire et à stocker — le vent s’efface comme phénomène, le champ disparaît comme lieu, le fleuve cesse d’être cet objet face à nous qui sillonne le paysage, pour chaque fois se révéler comme « fonds », une masse intégralement disponible au calcul, à l’extraction et à l’accumulation. La technique n’est pas seulement l’indice de la raison instrumentale de l’homme : elle est un certain mode du dévoilement du monde, obtenu par ce que Heidegger appelle une interpellation ou une provocation faite à la nature de se révéler comme fonds. Ce dévoilement « a lieu lorsque l’énergie cachée dans la nature est libérée, que ce qui est ainsi obtenu est transformé, que le transformé est accumulé, l’accumulé à son tour réparti et le réparti à nouveau commué ».

Heidegger répond alors à une objection imaginaire : la centrale hydraulique qui se nourrit du Rhin empêche-t-elle qu’un fleuve demeure, celui-là même que chantait Hölderlin, et qu’on aille encore l’admirer ? « Soit, mais comment le demeure-t-il ? Pas autrement que comme un objet pour lequel on passe une commande, l’objet d’une visite organisée par une agence de voyages, laquelle a constitué là-bas une industrie de vacances ». Alors le texte est traversé par l’ombre d’une intuition aussitôt écartée : et si par la technique moderne, c’était l’homme qui était révélé comme fonds, c’est-à-dire comme énergie libérée, obtenue, transformée, accumulée et commuée ? « La façon dont on parle couramment de matériel humain [et plus encore aujourd’hui de ressources humaines], de l’effectif des malades, le laisserait penser ». S’ensuit un chemin retors et sinueux, l’un de ceux qui ne mènent nulle part : le garde-forestier qui croit suivre l’exemple de son grand-père est en fait, malgré lui, commis par l’industrie du bois désireuse de cellulose ; celle-ci est elle-même provoquée par la demande de papier de l’industrie de la presse, pour les journaux ou les magasines illustrés ; « ceux-ci, à leur tour, interpellent l’opinion publique, pour qu’elle absorbe les choses imprimées, afin qu’elle-même puisse être commise à une formation d’opinion dont on a reçu la commande ». Le « on » reste mystérieux, indéterminé, alors qu’il semblait porter une charge politique devant laquelle Heidegger recule, et le chemin bifurque immédiatement : parce que dans la technique le monde se révèle d’une certaine manière à l’homme, se dévoile comme fonds, l’homme demeure le sujet de ce retrait de l’objet, et par là n’est jamais « un pur fonds ».

Le livre de Flusser essaie de reprendre la pensée de Heidegger au temps de la cybernétique. Et de comprendre comment l’appareil, qui prend aujourd’hui le relai de la machine, est précisément la technique qui transforme l’humain en fonds. Heidegger l’avait pressenti, la santé est le premier endroit où ce risque se présentait. Flusser entérine l’intuition : « la médecine est le grand scandale du présent ». C’est qu’elle n’a jamais été une science dure : elle a affaire à un sujet, le malade, qui n’est pas de la matière inanimée offerte à tous les calculs. Mais comme toutes les sciences molles, comme l’économie statistique ou la politologie, elle est en proie à son durcissement par la quantification informatisée. C’est au moment où le malade devient un objet, et le contingent de malades un fonds, que la vie cesse d’être pensable, et qu’une bascule épochale a lieu.

Au temps des microfiches, du lancement du minitel et des formulaires à remplir en majuscules dans des cases carrées, Flusser est comme le premier spectateur du surgissement d’un monde qu’il semble mieux voir que nous, trop aveuglés que nous sommes par la lumière de nos écrans — il prophétise la numérisation du monde à venir comme si elle avait déjà eu lieu devant ses yeux. Le monde préindustriel avait inventé l’outil, le monde industriel a inventé la machine, le monde post-industriel aura inventé l’appareil ou le gadget, c’est-à-dire le programme. À chacune de ces techniques son ontologie, son éthique, sa politique. L’outil était au centre d’un monde paysan et artisan où la nature était un cosmos animé dont il fallait prendre soin, où le peuple était un troupeau qu’il fallait guider, où le temps était fait de cycles dont on attendait patiemment le retour, où la vie était tracée par le destin, où l’action valait par la finalité qu’on lui donnait. La machine avait signé l’entrée dans un monde inanimé et causal, le monde étendu de la matière et de la production, du travail à la chaîne, de la liberté politique et de la possibilité de la révolution. L’ontologie programmatique qu’invente l’appareil, telle qu’elle se laisse deviner dans les arts, dans la science, dans la politique, est l’entrée dans un monde formel, multiple et plat dont a suspendu cause et fin : il n’existe plus qu’une surface de virtualités trop nombreuses pour être calculables, et qui se réalisent donc selon une nécessité qui ne peut que prendre l’aspect du hasard, comme le donnent à voir le collage dadaïste, la théorie du big-bang ou la gouvernance par la statistique. « Une telle ontologie programmatique a suscité l’invention d’ordinateurs et d’instruments intelligents. Elle mène à la transformation de la société en système cybernétique composé d’appareils et de fonctionnaires. Les hommes sont programmés pour fonctionner comme pièces d’un jeu symbolique. Ils sont chiffrés et numérotés. Ils deviennent computables dans des statistiques et des cartons perforés. Ils sont programmés d’une manière telle qu’ils acceptent volontiers leur programmation. Le fonctionnaire est un homme programmé, non seulement pour fonctionner, mais aussi pour accepter son fonctionnement. Bien sûr, une telle société post-industrielle n’est pas encore arrivée à son stade de réalisation parfaite. Mais nous avons déjà ses modèles : Eichmann comme modèle du fonctionnaire, Kissinger comme modèle du programmeur ».

En matière de pessimisme, Flusser n’a rien à envier à ses contemporains de la théorie critique post-marxiste, à Adorno, à Debord ou à Cesarano. Le pas supplémentaire de Flusser vient de ce qu’il ne croit même plus en l’utilité de la critique : il se contente de décrire et de jouer. En cela il est peut-être plus proche de Borges, de son invention de labyrinthes dont on a perdu la clef, de systèmes dont le mode d’emploi n’a pas encore été inventé, de copies qui ont remplacé leurs modèles. Flusser décrit la société cybernétique gouvernée par les appareils comme l’avancée du hasard dans le vide : un programmeur programme un appareil, puis un autre appareil pour l’aider à programmer cet appareil, et très vite les appareils se mettent automatiquement à en programmer d’autres, se servent de l’humain comme fonds qui nourrit le feedback dont ils ont besoin pour fonctionner, et voilà que plus personne n’a la main dessus. Une bureaucratie se met à fonctionner en vase clos, pour alimenter les appareils et nourrir les statistiques. À la même époque, Duras avait des intuitions très semblables : « La robotique, la télématique, l’informatique, ce sont des progrès qui, à chaque échelon, sont faits une fois pour toutes. Du fait de ce qu’aura fait un seul homme, tous les autres hommes seront privés d’inventer ».

L’intellectuel critique n’est jamais qu’un fonctionnaire comme un autre, prévu par le programme : il est cette marge qui se croit rétive au système mais est incluse par lui à son corps défendant, car il produit un feedback plus qualitatif qui amène le système à s’affiner, les appareils à être moins grossiers, moins lisibles, plus subtils. « Si, par hérésie, on conteste le programme de l’appareil, aussitôt pousse, à l’intérieur de l’appareil, un ministère de la contestation. En fin de compte, c’est toujours l’appareil qui satisfait les caprices de toute hérésie à travers l’uniforme qu’il lui dispense. C’est partout que fonctionne automatiquement le totalitarisme de l’uniformisation multiforme. Démocratie libérale. » Pour Flusser, la société cybernétique est pas essence apolitique : la fonction a remplacé l’action, une suite d’inputs et d’outputs individuels et appareillés a pris la place du peuple, la politique a été réduite à un programme qui manipule l’opinion en la sondant en permanence. Le seul acte politique qu’envisage encore Flusser — avec l’ironie du catastrophiste — est la désertion. À l’époque on ne parlait encore des bugs.

3.

Face au mouvement de protestation contre le passe sanitaire, la presse libérale et plus généralement le camp progressiste feignent de ne pas comprendre l’objet de la contestation. Derrière les anti-passe ne se cacheraient que des anti-vax un peu toc toc. Le mouvement serait pourri par le complot, les fake news, par une haine de la science et un conservatisme proto-fasciste. C’est qu’il est très facile de ne pas voir que derrière le complot, il y a le programme. Que derrière les dérives et les excès, il y a une intuition juste. Quelle est-elle, cette intuition ? Qu’une technocratie gouvernementale au service exclusif de la techno-science-économie applique un programme numérique de contrôle comme le font toutes les démocraties libérales, décennie après décennie, sans répit ; que technologie, police et profit avancent continument main dans la main, sans qu’aucun pouvoir ne change la donne, ni même n’ambitionne de le faire ; que le passe sanitaire suit la même logique que la généralisation de la vidéosurveillance, que l’instauration du passeport biométrique et du bracelet électronique, celle d’une numérisation de l’espace public visant un accroissement de la surveillance du peuple et de l’administration de la vie ; qu’il signe l’inscription sur la longue durée de toutes les mesures d’exception prises depuis un an et demi, l’entrée de l’état d’urgence sanitaire dans la loi.

Le génie de Heidegger a été de montrer que technique et ontologie sont indiscernables : qu’il n’y a pas d’abord la science de la nature qui se met à transformer les objets en surface de calcul, ensuite la technique qui met à profit ces avancées scientifiques en les appliquant, enfin un monde qui s’en trouve changé. Non, il y a d’abord l’arraisonnement du monde comme nouvelle manière de se rapporter à l’être, et cet arraisonnement irrigue la science et la technique dans le même mouvement. Il faut d’abord commencer à avoir l’intuition de l’espace étendu, de la nature comme ressource illimitée, pour avoir l’idée de mesurer des quantités ou d’exploiter des surfaces. Le génie de Flusser a été de pousser cette intuition jusqu’à la nouvelle bascule ontologique du siècle dernier : jusqu’à l’arraisonnement de l’humain. Tous les deux disent combien les anti-tech se trompent tout autant que les technophiles les plus zélés : il n’y a pas de technique à récuser comme un domaine dont on pourrait se passer, qu’on pourrait récuser, et tout serait réglé. Toute critique de la technologie ne peut faire l’économie du régime de rationalité qui a fait naître ces technologies : c’est ici que la difficulté naît. L’arraisonnement de l’humain par la quantification informatisée est monstrueuse, mais elle n’est pas délirante : elle est même le seul régime de rationalité que nous connaissons, que nous n’ayons jamais connus, nous qui sommes nés lors du siècle dernier. Le procès en irrationalisme mené par les médias contre les manifestants est superficiel : il s’arrête à recueillir la parole de quelques zinzins pour nourrir la propagande libérale. C’est pourtant là où le sol se dérobe sous nos pieds : quand nous disons que l’instrumentalisation de la technologie à des visées politiques nous effraie, nous disons une vérité qui est aussi un impensable. On ne saurait pas dire ce qui existerait à la place de cette technologie, ou ce qu’on pourrait en penser si nous n’existions pas dans cette ontologie programmatique. Cet impensable est aussi vertigineux que cette pensée d’une existence de programmes autonomisés — autre impensable qui met en péril la pensée, et qui conduit immanquablement certains à chercher qui est derrière les programmes. Dans ce vertige, dans ce défaut de la raison, le mouvement sera toujours pris à défaut — c’est par là que le programme, qui est rationalité pure, va se défendre coûte que coûte. C’est par là que le système va contre-attaquer, par le biais de ses fonctionnaires les plus zélés, les vérificateurs de faits pour qui la vérité est une somme de véridicités vérifiables auprès des ministères émetteurs d’informations vraies.

Le Grand Reset n’est pourtant pas un fantasme ni un complot : c’est le nom d’une proposition de mise à jour du programme émise par le Forum Économique Mondial, l’un des pôles de programmation planétaire les plus en vue, au prétexte de la pandémie et de la crise politique, économique et sociale qui s’en est suivie. L’avancée du programme n’est pas linéaire : elle progresse par crises et par bonds. La crise du covid est une chance inouïe pour la technocratie libérale d’une accélération du programme — de sa mise à jour. Mais elle est aussi une chance inouïe, pour nous, de sa mise au jour. Quand la foule défile pour dire qu’il faut freiner l’accélération du déroulement du programme, il faut être bien borné pour penser que ce n’est pas là que ça se joue, bien partial pour n’y entendre que les contre-vérités. Car une vérité jamais dite, à peine dicible, et pourtant tapie dans l’ombre de chaque corps, de chaque cervelle encore un peu humaine, trouve enfin à s’y dire. Les Gilets Jaunes avaient été la chance, périlleuse, comme tout chance, de voir la politique devenir l’affaire de tous, loin des partis, des syndicats, des avants-gardes du prolétariat, la chance donnée à chacun ne s’y retrouvant pas, ne s’y retrouvant plus, de faire l’expérience d’occuper et de défendre un territoire, ne serait-ce qu’un rond-point, une rue bourgeoise derrière une barricade, un parking de supermarché. Il ne faut pas passer à côté de cette chance nouvelle, celle de giletjauniser le mouvement anti-passe, et de faire de l’opposition à la numérisation du contrôle de la vie la chance d’un bug, même minime, dans le programme en cours.

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